Les femmes, les « Potomitan » de Guadeloupe, sont les piliers véritables de la société antillaise. Riches en métissage, aux carrefours d’identités diverses, croisées, elles ont participé par leur engagement au fil des siècles au développement et au dynamisme de la région. Un festival de musique classique essentiellement féminin a donc toute sa légitimité en Guadeloupe.
Au sein d’un festival qui se déroule sur 6 jours, j’invite des artistes de haut niveau venant d’horizons différents, à participer à des concerts de musique de chambre.
Les programmes sont ainsi composés autour de l’œuvre d’une compositrice différente chaque année, comme c’est le cas à Ouessant, où est né mon premier festival en 2001.
Après Teresa Carreño, Consuelo Velazquez et Majoie Hajary Roland-Garros, la 4e édition de Musiciennes en Guadeloupe sera dédiée à Amy Beach (1867-1944). Ce festival ne doit son aura médiatique régionale et nationale qu’au concept qui le fonde : rencontres de femmes musiciennes en hommage à la femme Guadeloupéenne, qui exprime aujourd’hui encore sa spécificité et son originalité profondes.
Au cours des années à venir, d’autres compositrices de la Grande Caraïbe continueront à être mises à l’honneur telles Gisela Hernandez Gonzalo (Cuba 1912-1971), Teresa Tanco Cordovez de Herrera (Colombie 1859-1946)…
Mon souhait est en effet d’exhumer du patrimoine musical mondial des compositrices peu connues, parfois oubliées mais qui ont une réelle valeur artistique. Pour autant, un répertoire plus accessible et connu de tous n’est pas négligé. Je réunis de jeunes interprètes internationales, autour d’un programme musical qui allie nouveauté, originalité et rareté.
Photo : Nicole Gallinaro
Ces artistes, dont certaines lauréates de concours internationaux, s’associent avec passion à ces moments d’exception.
Afin d'associer au festival un public encore plus large, je propose également des rencontres musicales dans les collèges et lycées, autour d’œuvres jouées par les artistes présentes lors du festival et expliquées par des musicologues confirmées. Ces animations ont lieu dans les « classes à horaires aménagés musique » (CHAM) mais aussi dans les établissements défavorisés. Ainsi les jeunes publics sont sensibilisés à l’émotion musicale et peuvent exprimer ce que la musique suscite en eux. Ces animations rencontrent un grand succès.
Par ailleurs il est proposé aux directeurs des écoles de musique de Guadeloupe un programme de formation pour les professeurs de piano qui en émettent le désir.
Lydia Jardon