Les femmes, les « Potomitan » de Guadeloupe, sont les piliers véritables de la société antillaise. Riches en métissage, aux carrefours d’identités diverses, croisées, elles ont participé par leur engagement au fil des siècles au développement et au dynamisme de la région. Un festival de musique classique essentiellement féminin a donc toute sa légitimité en Guadeloupe.
Au sein d’un festival qui se déroulera sur 6 jours, je souhaiterai inviter des artistes de haut niveau venant d’horizons différents, à participer à des concerts de musique de chambre.
Les programmes seront ainsi composés autour de l’œuvre d’une compositrice différente chaque année, comme c’est le cas à Ouessant, où est né mon premier festival en 2001
2012 a vu la première édition de Musiciennes en Guadeloupe. L’édition 2013 sera dédiée à Consuelo Velázquez. Ce festival ne doit son aura médiatique régionale et nationale qu’au concept qui le fonde : rencontres de femmes musiciennes en hommage à la femme guadeloupéenne, qui exprime aujourd’hui encore sa spécificité et son originalité profondes.
Les années suivantes d’autres compositrices de la Grande Caraïbe seront mises à l’honneur telles que Gisela Hernández Gonzalo (Cuba, 1912-1971) ou Teresa Tanco Cordovez de Herrera (Colombie, 1859-1946)...
Mon souhait est en effet d’exhumer du patrimoine musical mondial des compositrices peu connues, parfois oubliées mais qui ont une réelle valeur artistique. Pour autant, un répertoire plus accessible et connu de tous n’est pas négligé. Je réunis de jeunes interprètes internationales, autour d’un programme musical qui allie nouveauté, originalité et rareté.
Photo : Nicole Gallinaro
Ces artistes dont certaines fraîchement lauréates de concours internationaux s’associent avec passion à ces moments d’exception, à l’instar des artistes invitées en 2012 comme la cantatrice guadeloupéenne Aurore Ugolin, la violoniste Irina Muresanu… A court terme des artistes issues de la Grande Caraïbe rejoindront ce festival.
Afin d’y associer un public encore plus large, je souhaite également proposer des rencontres musicales dans les collèges et lycées, autour d’œuvres jouées par les artistes présentes lors du festival et expliquées par des musicologues confirmées. Ces animations auront lieu dans les « classes à horaires aménagés musique » (CHAM) mais aussi dans les établissements défavorisés. Ainsi les jeunes publics seront sensibilisés à l’émotion musicale et pourront exprimer ce que la musique suscite en eux.
Par ailleurs il sera proposé aux directeurs des écoles de musique de Guadeloupe un programme de formation pour les professeurs de piano qui en émettraient le désir.
Lydia Jardon