Quel que soit le savoir accumulé au cours des études pianistiques et/ou pédagogiques, l’être humain en l’occurrence l’élève qui est de profil devant son clavier, est dans un état de fragilité absolue. Il n’appartient pas tant au professeur de transmettre l’excellence de ses connaissances que de savoir prodiguer des conseils en tenant compte de la psychologie de chacun d’eux.
Une interaction est souhaitable pour les professeurs afin de définir la façon de travailler en fonction du niveau des élèves. Il convient donc de travailler en groupe dans un premier temps, à deux dans une seconde étape.
Comment mettre un enfant dès 5 ans au piano ? Comment, alors qu’il ne sait pas lire, lui apprendre ses notes dans les deux clés dès les premières semaines ?
Le jeune ou l’adolescent : dans une société, où via les media (TF1 Star Academy, M6 Nouvelle star) tous les jeunes désireux de commencer un instrument imaginent obtenir un bon niveau en quelques mois, le rôle de conseil du professeur sera de lui faire comprendre qu’il y a un minimum d’efforts et de patience avant le plaisir et que seules la persévérance (même à dose homéopathique pour les plus jeunes), l’autodiscipline et la constance lui permettront de découvrir ce dont il est capable.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise musique. Pour stimuler la motivation de l’adolescent il appartiendra à l’enseignant de suggérer tout un répertoire potentiel de musique de films, de variétés, réduites pour le piano, ou en tous cas de morceaux choisis parmi les plus connus de la musique classique.
Aux enfants qui sont dans l’action en permanence, il faut parler le moins possible. En revanche la priorité pour enseigner aux adultes débutants est de travailler dans la décontraction et l’humanité. Leur parler de la respiration des sons, de l’énergie qu’il faut chercher dans son corps pour mieux transmettre chaque émotion.
Entre amateurs et professionnels, l’exigence est la même. La musique est un art souverain qui ne souffre aucune approximation. Elle résulte bien souvent de problèmes mécaniques et techniques qui empêchent toute construction musicale aboutie. Il appartient donc au guide qu’est le professeur, à travers l’ensemble des systèmes de travaux proposés, de faire en sorte que l’élève trouve ses propres solutions.
D’autre part, les enseignants peuvent souhaiter une approche plus personnalisée afin de développer certains aspects de leur pédagogie. Lors d’un cours particulier, moment privilégié, ils pourront se mettre à l’instrument eux-mêmes. On est perfectible à tout âge et à tout niveau – Maria Callas, la grande cantatrice, n’a-t-elle pas travaillé jusqu’à ses derniers concerts avec Janine Reiss. Mais l’écoute intérieure demeure essentielle tant elle va de pair avec la connaissance de soi. Il semble opportun d’avoir le regard extérieur d’une concertiste qui a enregistré des répertoires requérant une grande virtuosité et qui ne cesse de se remettre elle-même en question. Elle pourra cibler toute faille et surtout proposer des solutions immédiates.
La seule mission du pédagogue reste l’intérêt profond et total pour l’autre.
Le rapport à la confiance dans les deux sens est fondamental. Avec bienveillance et humanité on obtient des résultats au-delà de toute espérance.
Lydia Jardon