Un festival à la rencontre des lycéens et des jeunes publics

Un festival de musique classique ne se conçoit pas sans rencontre forte avec son public. De la qualité de cette rencontre dépend le lien qui se noue, indispensablement, entre un projet artistique et le lieu qui l’accueille, entre des musiciens et une ville, une région, une île. C’est pourquoi le festival Musiciennes en Guadeloupe propose une formule originale : en marge des concerts, les artistes partiront à la rencontre de jeunes collégiens et lycéens, pour leur faire découvrir les œuvres qui animent leur passion de musiciennes, mais aussi pour leur faire entendre que la musique est d’abord une expérience qui se partage. Offrir l’expérience musicale au plus grand nombre, dépasser les barrières sociales qui éloignent les publics défavorisés de la musique classique : tel est donc le projet pédagogique de Musiciennes en Guadeloupe.

1. Une pédagogie de l’écoute

Le rôle du festival Musiciennes en Guadeloupe n’est pas de donner des cours magistraux de musicologie, mais de sensibiliser les jeunes publics à l’émotion musicale, de leur faire découvrir l’imaginaire des compositeurs, de leur permettre d’exprimer ce que la musique suscite en eux ; en d’autres termes : d’entendre ce que les œuvres musicales nous disent de l’expérience humaine.

Les interventions des musiciennes auprès des jeunes publics auront donc à cœur d’alterner parole et musique. Toutes les explications seront illustrées à l’instrument, et chaque œuvre jouée sera l’occasion d’échanges avec les élèves. Il ne s’agira pas seulement de faire découvrir les ressources expressives du langage musical, de sensibiliser les jeunes publics à l’écoute des œuvres du répertoire ; il s’agira aussi de retracer les conditions dans lesquelles ces œuvres ont vu le jour : histoire personnelle des compositeurs, contexte historique, social, etc.

2. Un dialogue entre les styles

Les choix de répertoire témoigneront de la diversité du langage musical. Les œuvres présentées aux jeunes publics seront donc issues du répertoire dit « classique », mais aussi du tango, du jazz, etc. Cet éclectisme sera l’occasion d’associer des instruments très divers : violon, violoncelle, clarinette, guitare, bandonéon, etc. On pourra également montrer que ces différents styles influent les uns sur les autres : la musique classique sur le jazz, le jazz sur la musique classique… Les œuvres du répertoire « classique » seront abordées par le biais de notions directement accessibles : rythme, mélodie, atmosphère, etc.

Sculpture

Photo : DR

3. Une formule à géométrie variable

On pourra adapter ces interventions en fonction du nombre et de l’âge des élèves auxquels elles seront destinées : concerts commentés, ateliers, etc. Les formules seront détaillées dans une brochure présentée aux enseignants, qui pourront donc choisir et donner leur avis sur le module le mieux adapté à leurs élèves ainsi qu’à leur propre programme pédagogique. On pourra par exemple rapprocher certaines œuvres des programmes littéraires imposés aux épreuves du BAC. Dans le cas des publics les plus jeunes, on pourra axer les interventions sur la découverte des instruments de musique, introduire leur histoire sous la forme d’une narration, etc.

Conclusion

Il ne s’agit pas de dispenser des leçons théoriques sur la musique, mais d’aider les élèves à devenir de meilleurs auditeurs, et de leur faire prendre conscience que l’expérience du concert de musique classique, au même titre que le zouk, le gwoka, et la salsa, est un art qui se partage dans la spontanéité des émotions et des sensations. En initiant ces rencontres entre artistes et jeunes publics, le festival Musiciennes en Guadeloupe souhaite construire un lien social fort avec les jeunes publics. Il souhaite leur faire entendre que la musique classique est à portée de tous, qu’à l’inverse des idées répandues, elle n’impose pas de frontière, mais rassemble. En rencontrant les jeunes publics, les Musiciennes en Guadeloupe pourront aussi partager les valeurs qui sont au cœur de leur vie d’artiste : la musique comme école de vie, où la passion n’est rien sans le travail et l’autodiscipline – une école de vie qui nous apprend que rigueur et plaisir peuvent être de précieux alliés.

 

 

 

 

(Texte déposé SGDL. Tous droits réservés.)